“L’escapisme est l’art d’être absorbé par quelque chose pour éviter et vous détourner de votre objectif ou problèmes.” – Farzan
Regardez votre vie aujourd’hui. Il y a-t-il des choses que vous cherchez à oublier ? Votre travail ? Vos responsabilités ? Votre famille ? Votre santé ? Ou peut-être votre manque d’activité physique ? Une mauvaise alimentation ou une addiction ? Votre passé ou vos buts à l’avenir ?
L’Escapisme (qui vient de l’anglais “Escape”, donc “s’échapper”) est cette tendance à fuir quelque chose qui nous déplaît, à travers toutes sortes d’activités. Certaines personnes “s’évadent” dans des activités récréatives comme jouer à des jeux vidéos, lire des romans ou regarder des films/séries.
D’autres personnes s’anesthésient au travail ou bien dans une addiction comme l’alimentation émotionnelle, le tabac, l’alcool ou des drogues. Certains fuient physiquement de leurs propres maisons. D’autres décident même de s’échapper dans une autre ville, région ou pays pour recommencer une “nouvelle” vie.
Plutôt que de traverser une certaine situation ou d’accomplir l’action appropriée (qui leur déplaît), ces personnes préfèrent les ignorer pour faire autre chose qui leur plait et dissiper un peu le mal-être qu’elles ressentent.
Des activités même tout à fait banales comme manger, dormir, faire de l’exercice, s’amuser… peuvent avec l’escapisme sortir de leur cadre, ou être pratiquées à l’excès avec des conséquences négatives. L’escapisme est par ailleurs, souvent classé comme une forme de coping destructrice pour gérer des situations stressantes.
L’escapisme dans nos vies
Malheureusement, il n’est pas possible d’échapper à ce que nous fuyons. Plus nous fuyons et plus ces choses nous poursuivent, car derrière tout ce que nous fuyons se trouve des peurs, des regrets, des douleurs et des déceptions. Elles nous accompagnent peu importe ce que nous faisons ou vers où nous allons. Même en fuyant, elles nous laissent un goût amer dans la bouche et les activités que nous faisons pour nous divertir ne suffisent pas à les oublier complètement.
L’escapisme est donc une forme d’échappatoire à nos émotions négatives. C’est par exemple le cas d’une personne qui se jetterait dans une autre relation, après une rupture douloureuse. Plutôt que de gérer cette douleur, elle préfère chercher du réconfort dans une relation. Le sentiment d’être désiré par quelqu’un – n’importe qui – lui permet d’oublier sa rupture.
Bien que cela semble être un bon moyen d’éviter de ressentir de la peine, en réalité la blessure est toujours présente et elle ne cicatrise pas. Il suffit d’une mauvaise journée pour que celle-ci réapparaisse avec des conséquences désastreuses.
On retrouve ces mêmes comportements dans d’autres domaines. Par exemple, des personnes qui restent dans un travail qui ne leur plaît pas, parce qu’elles ont peur d’échouer à faire ce qu’elles aiment. Ou bien d’éviter de relever des défis parce qu’elles ont peur de “souffrir” des difficultés. D’éviter tout ce qui leur rappelle le passé, parce que cela fait remonter à la surface des souvenirs désagréables.
L’Echelle “Escape Motives Scale”
Le professeur en psychologie Craig A. Anderson a réalisé en 1999 une échelle pour détecter les personnes présentant une tendance à l’escapisme. Pour cela il a conçu une liste de verbes d’action où il suffit d’indiquer pour chacun d’eux, votre envie de réaliser l’action décrite (même si celle-ci vous semble impossible dans le contexte où vous êtes).
Le test se fait assez rapidement (~2-3 min), ne réfléchissez pas trop avant de donner vos réponses, répondez à l’instinct. Les résultats peuvent aussi varier selon votre état émotionnel (calme ou bien stressé). Voici le test sous forme PDF ainsi qu’au format interactif.
Surmonter l’Escapisme
Il est important de comprendre que l’escapisme est un mécanisme de défense. Cela se produit lorsque votre esprit cherche à vous protéger de quelque chose. Le seul souci est que cette chose en question est en réalité inoffensive (mais vous ne le savez pas encore !). Par contre, vous savez qu’éviter cette chose ne la fera pas disparaître.
Le temps n’y changera rien, pour produire un changement vous devrez forcément faire face à ce que vous fuyez. Fuir peut donner l’impression d’être libéré de ce qui nous gêne, mais ce n’est que temporaire.
En attendant, ce sont les mêmes situations, les mêmes pensées et émotions qui reviennent encore et encore, chaque fois que ce problème refait surface. Cela continue jusqu’au jour où nous décidons d’affronter la réalité, d’accepter de prendre notre courage à deux mains pour enfin corriger la situation.
Pour cela, nous allons procéder par étapes. Tout d’abord en apprenant à gérer ces émotions désagréables qui vous font fuir.
1 – Faites redescendre la pression
Commencez petit. Si vous apprenez à gérer vos pensées et émotions désagréables alors vous n’aurez plus besoin de fuir. La thérapie par exposition aide souvent à diminuer l’anxiété d’une situation. Pour cela, exposez-vous à une tâche ou activité qui vous procure juste une légère anxiété, en lien avec ce que vous fuyez.
Faites-vous une liste de 10 items où vous noterez dans l’ordre les situations les plus anxieuses pour vous, au moins stressantes, dans ce domaine que vous fuyez. Par exemple : 1. “Parler devant tout le monde en réunion” ; 2. “Parler devant mes amis” ; 3. “Parler devant ma famille” ; 4. “Parler au téléphone” ; etc.
Une fois que vous serez capable de surmonter la tâche/activité la moins stressante de votre liste (la n°10), passez à la tâche suivante (la n°9). Prenez le temps d’y aller progressivement, cela ne se fera pas en une journée. Acceptez de vous laisser du temps pour changer. N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en ressentez le besoin, utilisez aussi des exercices de respiration comme la cohérence cardiaque pour vous apaiser avant de vous lancer.
2 – Réapprivoisez vos pensées
Faites un petit test de confirmation pour vos pensées. Une fois que vous aurez l’habitude de gérer ces petites situations qui vous rendaient un peu anxieux, concentrez-vous sur vos pensées du moment. Regardez ces pensées objectivement, qu’est-ce que vous craignez concrètement ? Le pire s’est-il toujours produit comme vous l’imaginiez ? Et qu’est-ce qui vous dit que cette fois, les choses se passeront de la même manière ?
Par exemple, “J’ai peur que si je lui parle de X, il va me rejeter. Ca ne l’a pas intéressé plus que ça, la dernière fois que j’y ai fait allusion”. Essayez de voir la situation d’un autre angle. Sa réaction peut n’avoir rien à voir avec ce que vous lui avez dit. Peut-être que la dernière fois il était de mauvaise humeur, ou bien fatigué. Pouvez-vous imaginer un résultat différent ?
Prenez du recul sur vos pensées et prononcez-les à haute voix, cela vous aidera à ne pas vous laisser emporter par elles. Dites par exemple “Je suis en train de penser que je veux éviter cette rencontre, parce que je ne veux pas que les gens me regardent.” Si vous avez toujours du mal à réévaluer vos pensées, alors contactez une personne plus objective que vous et racontez lui ce qui vous inquiète. Vous verrez ainsi qu’il est possible d’avoir un autre point de vue sur la question.
3 – Surveillez vos envies de fuite
Pour arrêter de fuir, vous devez savoir à quel moment vous retombez dans l’escapisme. Pour cela vous devez jouer l’observateur de vos propres pensées, émotions et comportements. Notez dans un journal ce que vous vous dites dans les moments où vous cherchez à éviter ces situations. Par exemple, “Je n’aime pas entrer dans un hôpital, parce que cela me rappelle des mauvais souvenirs du temps où j’y étais hospitalisé durant mon enfance”.
Écrivez aussi ce que vous avez fait pour fuir cette situation par le passé. Vous seriez surpris de découvrir jusqu’où vous êtes allé pour éviter cette situation qui vous fait peur. Par exemple, en faisant semblant d’avoir un autre rendez-vous au dernier moment, ou bien en vous arrangeant pour envoyer quelqu’un à votre place.
Une fois que vous avez tous ces éléments, prenez un moment pour fermer les yeux et vous imaginer vivre cette situation dérangeante en détail, accompagné par quelqu’un de confiance. Cette personne de confiance vous rassure à chaque étape et trouve les mots justes pour vous apaiser. Puis terminez votre visualisation en ressentant ce que cela fait d’avoir enfin réussi à surmonter cette situation.
Refaites l’exercice autant de fois qu’il vous faut pour que cela soit fluide, puis lorsque la scène devient supportable pour vous, imaginez la situation sans cette personne de confiance. Ce petit exercice vous aidera à vous préparer à cette situation concrètement, le cerveau ne faisant pas la différence entre l’imaginaire et le réel.
Soyez attentif aussi à ce que vous a coûté l’escapisme. Les conséquences qu’il y a eues sur votre santé et votre bien-être. Pour surmonter ce comportement, vous devez comprendre qu’il a des conséquences. Repensez à ces situations que vous avez évitées et les conséquences négatives qui ont suivies. Peut-être avez vous détruit une amitié, raté une opportunité d’emploi ou sapé l’estime de vous-même.
Demandez également à votre moitié, votre famille et vos amis si votre comportement les a un jour gêné. Vous découvrirez ainsi que lorsque vous fuyez, cela ne fait pas du mal qu’à vous-même.
Le mot de la fin
À mesure que vous affronterez cette situation que vous fuyez, alors vous reprendrez peu à peu confiance. Vous comprendrez que vous êtes plus fort(e) que vous ne le pensiez. Vous êtes plus fort que ces situations ou ces tâches qui vous posent problème, et ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne les chassiez de votre vie.
Une fois libéré de ce poids intérieur, vous n’aurez plus besoin de fuir ou de vous cacher. Vous ressentirez la joie d’être aligné avec vous-même et de pouvoir agir comme vous le désirez sans aucune contrainte. Tout cela commence par une toute petite action.
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2 Commentaires
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Et quand on ne sait pas ce que l’on fuit?
Après avoir beaucoup donné aux autres , je suis un peu désappointé du peu d évolution des gens aidés . Je suis donc désabusé , je pense que la meilleur façon d aider est de mettre les gens en face de leurs responsabilités et ne pas se substituer aux responsabilités qu’ ils doivent assumer .