La double contrainte : je gagne, tu perds

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“Sois spontané” – Célèbre double contrainte en entreprise.

La double contrainte (anciennement appelée « injonction paradoxale ») est un cas particulier dans lequel obéir à un ordre, vous empêche d’obéir à un autre ordre. Les double contraintes existent ainsi depuis toujours, mais elles n’ont été théorisées que dans les années 50.

Elles sont souvent utilisées pour afficher son pouvoir et contrôler autrui. On les retrouve dans la vie quotidienne mais aussi dans des cas extrêmes d’abus, notamment lors d’une relation avec une personne de type pervers narcissique. Pour cela, il est nécessaire qu’il y a une victime et un bourreau.

Nous allons maintenant voir quelques exemples particuliers de double contraintes négatives, puis découvrir plus en détail les méthodes à employer pour se sortir de ces situations.

La double contrainte négative

injonction paradoxale

Question piège : La double contrainte illustrée dans la BD d’Astérix en Corse

C’est le cas le plus fréquent, et, l’inventeur de ce concept, Gregory Bateson, ne les imaginait qu’ainsi. Il résumait la double contrainte par cette phrase : « Vous êtes damné si vous le faites, et vous êtes damné si vous ne le faites pas ».

Pour qu’il y ait double contrainte, il faut donc que nous soyons obligé de choisir entre deux ordres, et ces deux ordres ne peuvent être tous deux accomplis sans désobéir à l’un ou à l’autre.

Elle tourne autour de 3 principes fondamentaux :

  • Explicitement si vous faites l’une des actions au détriment de l’autre, vous serez puni.
  • Implicitement si vous ne faites aucune action, vous serez puni.
  • Vous ne pouvez pas échapper à la situation.

Dans certains cas la condition : “Si vous pointez du doigt la contradiction, vous serez également puni”, s’ajoute. Ce sont les cas les plus graves de double contrainte, la seule solution est alors de couper les ponts avec la personne qui vous a donné un tel ordre.

Pour illustrer la double contrainte, il est souvent fait référence à cette petite histoire :
Une mère offrit à Noël deux cravates à son enfant, une verte et une bleue. Elle lui demanda ensuite d’en porter une à leur prochaine rencontre. Le lendemain pour lui plaire, l’enfant vint lui dire bonjour avec la cravate verte autour du cou. Sa mère le regarda avec tristesse et lui demanda “Tu n’aimes pas l’autre, c’est ça ?”.

Le surlendemain l’enfant vint avec la cravate bleue autour du cou, et sa mère lui dit alors “Tu n’aimes pas la verte, au final ?”. Le jour suivant, l’enfant vint avec les deux cravates autour du cou, sa mère pris alors un air dégoûté et s’exclama “Ce n’est pas étonnant qu’on t’ai laissé dans un hôpital psychiatrique !”

On peut en trouver de multiples exemples dans la vie de tous les jours, notamment professionnelle : deux ordres contraires donnés par des chefs de même niveau, deux dossiers à traiter avec un délai à peine suffisant pour traiter un seul dossier.

Non seulement ces “injonctions” nous obligent à faire un choix entre deux options aussi importante l’une que l’autre, mais il y aura des conséquences négatives quel que soit le choix que l’on prend. Car en même temps, nous n’avons pas le choix de “ne pas choisir“, et c’est ce qui fait de la double contrainte une situation hautement perverse.

D’ailleurs, les ordres eux-mêmes ne sont pas forcément explicites. Bateson donne ainsi comme exemple de double contrainte implicite le cas d’une mère qui dirait à son enfant « Vient m’embrasser ! », puis qui se raidit et prend un air dégoûté lorsque son enfant s’approche pour lui faire un câlin.

L’implicite vient ici du langage corporel, qui est contradictoire par rapport à ce qui serait attendu dans une telle situation (une mère qui embrasse son enfant avec une expression d’amour).

Mais heureusement, il existe plusieurs solutions pour se tirer de cette situation, et c’est ce que nous allons découvrir maintenant.

1. Vérifiez le niveau des contraintes

Lorsque vous pensez être dans une situation de double contrainte, prenez un peu de temps pour y réfléchir : Il existe différents niveaux de communication. Assurez-vous que vous avez bien compris les ordres donnés, s’il n’y a pas une façon de les combiner, ou si l’un ne prime pas sur l’autre.

N’hésitez pas à faire reformuler la personne qui vous donne l’ordre, l’ordre pourrait ainsi changer et ne plus être une double contrainte.

Par exemple : “Vous m’avez demandé de rendre le dossier X à Y et en même temps de participer à la réunion ?”
– “Non, vous rendrez le dossier X après la réunion.”

2. Réduisez l’intensité de la relation qui provoque la double contrainte

Une double contrainte nécessite une relation forte avec la personne qui vous donne un ordre.
En vous libérant de cette relation (ou en diminuant cette intensité), vous retirez à l’autre la possibilité de vous donner des ordres, il n’y a plus de double contrainte possible !

Si vous êtes au travail, cela peut être par exemple de démissionner, ou de changer de service ou encore de déléguer cette tâche à quelqu’un d’autre lorsque cela est possible. Si c’est un proche ou conjoint qui vous donne une double contrainte, vous devez essayer de vous détacher en empêchant la situation de la double contrainte se produire.

Par exemple, si votre mari vous demande d’aller chercher vos enfants et d’accueillir des invités, une solution serait de lui faire part de votre impossibilité à réaliser les deux à la fois, et de lui renvoyer l’une des deux tâches.

Dans le cas où cela ne fonctionne pas pour votre conjoint ou proche, dans ce cas il faut s’en détacher émotionnellement et mettre de la distance entre vous. Le but est de retrouver votre indépendance, ce qui peut demander un certain travail sur soi.

3. Communiquez avec les donneurs d’ordre

Si les ordres contradictoires émanent d’une ou plusieurs autorités de même niveau, communiquez avec elles pour trouver une solution. Pour cela, n’hésitez pas à voir votre supérieur et demandez-lui : « Vous m’avez demandé de faire X, et M.Chef N°2 m’a demandé de faire l’inverse, pourriez-vous m’indiquer ce qu’il convient de faire ? »

Si nécessaire, soyez accompagné d’un(e) collègue qui soit témoin de la situation. Ou bien changez d’échelle, et demandez à un responsable hiérarchique au niveau au-dessus de trancher.

Répétez exactement ce qui a été dit, de manière précise et objective, sans laisser vos émotions parler à votre place. Il est nécessaire que le message soit bien entendu pour que la situation puisse évoluer.

4. Répondez intelligemment aux questions pièges

Parfois, vous ferez face à des questions pièges qui contiennent une double contrainte. Ce qui signifie que quelle que soit votre réponse, vous serez forcément en tort.

Typiquement, ce sont des questions fermées auxquelles l’autre personne s’attend à ce que vous répondiez par oui ou par non, ou avec les options qu’il vous propose. Pour échapper à la double contrainte, faites une autre réponse.

Si votre compagnon vous demande : « Est-ce que tu m’aimes plus que ta mère ? » et qu’il vous semble que “ni oui ni non” ne sont de bonnes réponses à cette situation, répondez autre chose. Du style : « J’aime beaucoup passer du temps avec toi ». Si la personne insiste, vous pouvez ajouter que “ce n’est pas comparable”.

Ou bien si un commercial vous propose de souscrire à un contrat tout de suite ou bien la semaine prochaine, de lui répondre que cela ne vous intéresse pas. L’important c’est de ne pas accepter le carcan qu’on vous propose (les commerciaux en raffolent), faites preuve de créativité dans vos réponses.

Maintenant, il faut savoir que la double contrainte n’est pas toujours négative. Dans de rares cas, elle peut être utilisée positivement.

Les double contraintes positives

Les double contraintes peuvent aussi servir d’outils utiles d’introspection, en permettant de sortir d’un cadre néfaste ou de développer des compétences.

Par exemple, dans le bouddhisme zen, la double contrainte est utilisée par les maîtres pour les faire progresser. On retrouve ainsi l’histoire d’un maître Zen qui prend un bâton et le remet à l’un de ses élèves en lui disant : “Si tu dis que ce bâton est réel, je te frapperai avec. Si tu dis que ce bâton n’est pas réel, je te battrai avec. Est-il réel ou non ?”

Aussi longtemps que l’élève restera au même niveau de pensée que son maître lorsqu’il a créé la double contrainte, il sera bloqué. Par contre, si l’étudiant lève simplement les bras et saisit le bâton, commence à chanter, ou prétend “se battre à l’épée”, etc… en prétendant que ce n’est pas un bâton, il a alors transcendé la double contrainte et a changé le contexte de la situation.

D’ailleurs en PNL, Bandler et Grinder expliquent le cas d’une femme de l’un de leurs groupes de thérapie qui annonçait : “Je ne peux jamais dire non à quelqu’un.” Bandler et Grinder lui donnèrent alors pour consigne, “Vous devez dire non à chaque personne de ce groupe.”

La femme devait soit dire non aux membres du groupe, soit dire non à Bandler et Grinder, c’est-à-dire dans tous les cas dépasser sa croyance limitante.

En observant les double contraintes extérieurement, en tant qu’observateur, celles-ci nous permettent de développer notre créativité et découvrir que ce sont avant tout nos propres croyances qui limitent notre vision des choses, au-delà de la double contrainte.

Alors, avez-vous déjà vécu une double contrainte ? Si oui, comment vous en êtes-vous sorti ? Dites-nous tout dans les commentaires !

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Adam Fartassi
Adam Fartassi
Jeune hypnothérapeute passionné de développement personnel, je vogue sur le web pour vous transmettre les meilleures méthodes pour changer de vie. Visez l'excellence, et renouez aujourd'hui avec votre fabuleux potentiel !