Symptomatique d’un manque de confiance en soi, la peur du regard des autres peut être un véritablement frein à l’épanouissement personnel. Complexes physiques, crainte de s’affirmer ou de faire certains choix de vie, la peur d’être jugé peut avoir des conséquences parfois lourdes.
Comment faire pour ne plus être influencé par les jugements extérieurs ? Le fameux regard des autres, n’est-il pas finalement le reflet du regard que nous nous portons à nous-même ? Comprendre le regard des autres et la peur qu’il suscite est un premier pas vers une plus grande liberté.
Les jugements de valeurs, de quoi s’agit-il réellement ?
L’effet miroir
Rassurez-vous, tout le monde juge. Le cerveau humain a besoin de catégoriser, de mettre des étiquettes sur ce qui l’entoure afin de se représenter le monde et de donner un sens aux expériences vécues.
Cette catégorisation n’est pas le fruit du hasard. Pour le psychiatre Carl Gustav Jung, « nous percevons chez les autres les mille facettes de nous-mêmes ». Autrement dit, ce qui attire notre attention chez eux correspond à ce qui fait écho en nous. C’est ce que l’on appelle « l’effet miroir ».
Lorsque vous portez un jugement, vous mettez inconsciemment le doigt sur une chose qui vous dérange chez vous et que vous cherchez le plus souvent à nier.
Ainsi, l’effet miroir est une porte ouverte vers la connaissance de soi. En prenant conscience que vous avez tendance à projeter votre système de valeurs et de croyances sur les autres, vous vous apercevrez que, la plupart du temps, les intentions et opinions que vous leur prêtez vous appartiennent.
L’idée que l’on se fait de ce que pensent les autres est en fait, très souvent, la projection de nos pensées inconscientes.
L’exposition sélective : le fait de voir ce que l’on croit
Dans les années 50, le psychosociologue américain, Léon Festinger avait mis au jour la notion d’exposition sélective. Ce biais cognitif consiste pour l’individu à rechercher à tout prix des informations qui confirment ses propres croyances et modes de pensée.
Il entre en action lorsqu’une personne se trouve dans un état de dissonance cognitive. Il s’agit d’une tension ressentie lorsqu’un élément extérieur vient contredire ses propres croyances.
Pour fuir ce sentiment inconfortable, l’individu va alors inconsciemment chercher à retrouver un état de consonance en se focalisant sur les informations qui vont dans son sens, et éviter celles qui pourraient renforcer son malaise.
Porter un jugement de valeur permet alors de confirmer ses croyances et de se rassurer sur leur légitimité.
Le regard des autres : les origines de la peur et ses conséquences
La compréhension constitue un premier pas vers le mieux-être. Une fois que vous avez cerné l’origine de votre peur du regard des autres, vous pouvez vous attaquer au problème à la racine et commencer à effectuer le travail adéquat pour vous en libérer.
L’environnement et l’éducation
La peur du regard des autres trouve souvent son origine dans l’environnement familial. Un enfant élevé par des parents timides ou préoccupés par le “qu’en dira-t-on” a des chances de reproduire ce schéma.
L’inconscient a alors enregistré que le regard des autres était important. La personne devenue adulte agira donc inconsciemment en conséquence.
L’estime de soi peut aussi est mise à mal par une blessure ou un traumatisme vécus pendant l’enfance. La remarque malheureuse d’un enseignant, les moqueries des autres enfants sur la cour de récréation peuvent être autant de facteurs qui vont amener l’individu à fuir de manière inconsciente ce traumatisme, et à agir en évitant de revivre cette souffrance.
La dépendance affective et la peur du rejet
Par ailleurs, un enfant élevé par des parents très autoritaires ou ayant de grosses exigences de réussite scolaire par exemple, peut développer la croyance que, pour être aimé, il faut satisfaire les exigences des autres.
Par peur d’être rejetée, la personne devenue adulte risque d’entrer dans une mécanique de dépendance affective. Elle n’a pas appris à se faire confiance et, pour se sentir aimée, fera tout pour obtenir l’approbation des autres, quitte à renier ses propres besoins et valeurs.
La société de l’image
Omniprésence de l’image dans les médias et sur les réseaux sociaux, culte de la performance et de la productivité, nous vivons dans une société de l’image qui nous pousse sans arrêt à nous comparer. Pas facile, dans ces conditions de s’accepter lorsque l’on a une estime de soi déjà fragile.
De plus, la tendance à exposer sa vie privée sur les réseaux sociaux et la course aux likes et aux followers sont les témoins du pouvoir énorme que l’on attribue au regard des autres. Cette recherche constante de l’approbation, voire de l’admiration des autres est beaucoup plus marquée chez les plus jeunes. Elle alimente la peur de ne pas plaire, et donc inconsciemment de ne pas être aimé.
Les conséquences de la peur du regard des autres
Cette crainte du jugement peut avoir des incidences plus ou moins lourdes dans les sphères personnelles, professionnelles et sociales :
- Complexes physiques
- Style vestimentaire « par défaut » pour ne pas se faire remarquer ou ne pas être rejeté par le groupe
- Choix de vie en décalage avec ses besoins et valeurs : rester dans une situation amoureuse, professionnelle ou familiale inconfortable qui ne satisfait pas
- Ne pas oser s’affirmer : difficulté à parler en public, à dire non, etc.
- Comportement en décalage avec le vrai soi (excentricité, dérision permanente, timidité, etc.)
Elles dépendent évidemment du vécu de chacun, mais sont symptomatiques d’un manque d’estime de soi.
L’estime de soi : comment la renforcer en changeant de regard sur soi ?
On l’a dit, le vrai problème est le plus souvent le regard que l’on se porte à soi-même.
Il est évident que l’on n’a aucun pouvoir sur ce que pensent les autres. Par contre, on peut modifier le regard que l’on porte sur soi. Et si celui-ci est bienveillant, alors il n’y a plus lieu de s’attarder sur le jugement des autres. On peut ainsi agir librement, sans s’en préoccuper.
C’est un travail parfois difficile qui nécessite une grande honnêteté envers soi-même, mais qui est tout à fait possible. Voici quelques conseils qui peuvent vous aider à y voir plus clair.
1. Prendre conscience du regard que l’on porte sur soi
Vous trouvez le regard des autres impitoyable ? Mais avez-vous conscience du regard que vous vous portez à vous-même ?
Lorsque vous faites une gaffe, que vous essuyez un échec ou simplement quand vous vous regardez dans le miroir, que vous dites-vous à vous-même ? Faites le test. Vous verrez que, bien souvent, vous n’êtes pas tendre. Oseriez-vous parler ainsi à votre pire ennemi ?
Vous vous rendrez compte que la plupart du temps, et à fortiori, si vous manquez de confiance en vous, la personne la plus intransigeante envers vous-même, c’est vous.
Pour gagner en confiance, il est essentiel d’être indulgent envers soi-même. Lorsque vous vous en voulez pour telle ou telle raison, imaginez ce que vous diriez à votre meilleur ami ou à votre enfant dans la même situation. C’est très efficace.
Être bienveillant envers soi et se parler positivement contribuent à améliorer l’estime de soi. Lorsque celle-ci est renforcée, l’avis des autres perd de son importance et on peut ainsi agir l’esprit libre.
2. Faire le point sur vos envies et valeurs
Si vous avez toujours agi en fonction du regard des autres, peut-être n’avez-vous jamais pris le temps de vous demander ce qui vous anime vraiment. Il est alors essentiel de vous questionner sur vos vraies valeurs. Quelles sont les vôtres et non celles de vos parents ou de la société ? Interrogez-vous sur vos envies et ce qui vit en vous.
En fait, cela revient à se demander : pourquoi j’agis ainsi ? Est-ce que je le fais pour moi ou pour plaire aux autres ? Ce travail de mise au point aide à prendre de l’assurance, car il permet réaliser ce que l’on veut vraiment et d’agir dans ce sens.
3. Agir en étant imparfait
Passer à l’action est essentiel pour intégrer de nouveaux comportements et augmenter la confiance en soi. Bien sûr, il ne s’agit pas de changer radicalement de vie du jour au lendemain ou de devenir totalement excentrique.
Le but n’est pas de se faire violence, mais d’introduire des petits changements au quotidien, comme par exemple, mettre des touches de couleurs dans sa garde-robe, prendre la parole dans un petit groupe, oser dire non et s’affirmer sur des petites choses de la vie quotidienne. Progressivement, cela deviendra de plus en plus facile et vous réaliserez que rien de grave ne se passe.
Avant d’entrer en action, vous pouvez toujours vous poser les questions suivantes : si Untel me juge, que va-t-il réellement se passer ? Est-ce si grave que ça ? Vous pourrez ainsi prendre du recul et agir l’esprit plus libre.
Se libérer de la peur du regard des autres passe d’abord par un changement de regard sur soi. Pour cela, passer à l’action est nécessaire. Alors, par quoi allez-vous commencer ?
Pour aller plus loin : Se libérer enfin du regard de l’autre: Guérir de ses blessures et s’aimer soi-même, par Muriel Mazet.
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- Comment réussir à se libérer du regard des autres ? - 12 février 2020
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